mardi 22 mai 2018

Attention aux tiques !

Ixodes ricinus mâle en attente sur son brin d'herbe, Gorges d'Apremont
Que vous soyez randonneurs, grimpeurs ou photographes naturalistes vous avez très certainement été confronté à cette minuscule bestiole que l'on appelle une tique ! Je ne compte plus le nombre de morsures qu'elles ont infligé à moi et mes proches. Hélas, dans certains cas, (en moyenne 2% en France à prendre avec des pincettes...) cette morsure est source de transmission d'agents bactériens dont certains peuvent avoir des conséquences dramatiques. Donc, je profite de ma séance photographique du week-end dans les Gorges d'Aprempont en forêt de Fontainebleau pour vous parler un peu de cet acarien géant et vous rappeler qu'après toute sortie dans l'herbe, une inspection très minutieuse s'impose d'avril à octobre en particulier.

Les tiques ou Ixodida sont un ordre d'arachnides acariens découvert en 1815. et qui en 2010, compte 896 espèces classées en trois familles dont 41 en France et la plus commune en Europe, Ixodes ricinus,... Ce sont des ectoparasites de vertébrés (y compris vertébrés à sang froid tels que lézards, serpents...) donc des suceurs de sang !
 
Les tiques sont donc des acariens de grandes tailles (1 à 6 mm en moyenne) comparé aux autres membres de cette ordre de bestioles avec lesquels nous cohabitons en permanence ! La forme, taille et couleur des tiques varient beaucoup selon l'espèce et son stade de développement mais leur corps est toujours ovalaire et leur tête est prolongée d'un rostre équipé de deux chélicères. En revanche, leur corps n'est pas segmenté en 3 régions comme chez la plupart des arthropodes puisqu'on distingue simplement la partie antérieure ou « capitulum » ( la tête en latin) de la partie postérieure dite « idiosome ».


Elles vivent dans des biotopes très variés correspondant à ceux de leurs hôtes, dans les milieux secs ou humides, clôts ou ouverts, en plein air ou fermés...
 
En forêt mais aussi dans votre jardin (aïe !) elles  guettent, au sommet des herbes leur future victime pour prendre leur repas de sang. En revanche, non, les tiques ne tombent pas des arbres, comme on peut l'entendre dire... En général, dans la végétation, la dispersion des individus est la règle, mais d'une part des regroupements sur une même herbe sont possibles, d'autres parts certains sites sont plus infestés que d'autres (c'était notre cas ce week-end) où des concentrations spatiales sont très importantes car le biotope est favorable notamment (autour des points d'eau, de zones d'ombre, mais aussi et surtout de regroupement (ou passage) d'animaux… Du coup, pour les éviter, mieux vaut rester sur des sentiers secs, ensoleillés et fréquentés (bof !)
 
Les tiques ont deux vies : la première partie se fait au sol (éclosion, métamorphose et quête d'un hôte), l'autre partie ancrées sur la peau de mammifères, d'oiseaux ou de reptiles, en se nourrissant de leur sang avant de se détacher au bout de quelques jours pour le stade adulte femelle, gorgées de sang. Pour les autres stades de développement comme les nympes dont certaines font à peine un millimètre ce qui revient à chercher une aiguille dans une botte de foin sur un gaillard d'1m80 et plus, celles-ci peuvent aussi quitter leur hôte pour en chercher un nouveau. 

Ce sont donc les femelles adultes nourries, ou en train de se gorger de sang qui sont les plus repérables, car bien plus grosses que lors des autres stades de développement. À titre d'exemple, on a pesé sur une balance de précision une femelle de la tique Hyalomma asiaticum avant et après son repas final. Elle était 624 fois plus lourde après son repas qu'avant. Pour un être humain, ce serait comme de passer de 60 kg à 37 tonnes après 4 ou 5 jours de repas constant. De tels repas permettent aux tiques de pondre de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de milliers d'œufs.
 
Bref, c'est lors de ces morsures qu'elles peuvent nous transmettre divers agents pathogènes allant du virus à la bactérie et autres saletés,  responsables de certaines maladies vectorielles dont la borréliose de Lyme, une maladie qui, si elle n’est pas détectée et soignée à temps, peut se révéler très grave. 

Le printemps est le moment idéal pour profiter pleinement de la forêt, du jardin, des parcs boisés...bref des sites naturels ! Pour atteindre un hôte de passage, les nymphes de tiques sont souvent en attente (en « quête ») au sommet d'un brin d'herbe, à l'extrémité d'une branche ou d'une feuille, prêtes à s'accrocher à tout corps qui les frôlera. Donc, prudence aussi sur les prairies, pelouses et jardins lors des pique-niques et autres moments de jeu ou pause. Discrètement la tique va chercher un point où s'ancrer. Cou, aisselles, plis des genoux, cuir chevelu... sont autant de zones du corps où les tiques aiment s’accrocher et c'est sans parler des zones plus intimes, chaudes et humides...
Une nymphe de Ixodes ricinus de quelques mm remonte mon pantalon...
En haut : Ixodes ricinus mâle en attente sur son brin d'herbe hier dans les Gorges d'Apremont
 
Donc, comme l'information c'est aussi de la prévention, rappel :
- Portez des vêtements couvrants clairs, des chaussures fermées et, pour les balades en forêt, un chapeau permet de voir venir (enfin si on y prête un peut attention...)
Enfiler le bas du pantalon dans les chaussettes évitant de laisser la peau à découvert permet simplement de retarder la monter de la bête sur le corps.
- En forêt, mieux vaut rester sur les chemins et éviter les espaces broussailleux et fréquentés par la faune sauvage (ce qui ne se limite pas aux cerfs et sangliers mais comprend aussi toutes les petites bêtes).
- À la maison, un examen minutieux et intime du corps s’impose pour repérer et retirer le plus tôt possible la tique. Les risques d’infection sont réduits si elle se trouve retirée rapidement.
- En cas de présence d’une tique accrochée à la peau. L’extraire au plus vite OBLIGATOIREMENT à l’aide d’un tiretique, vendu en pharmacie (5 à 7 €) puis désinfecter la zone piquée.
- Ne pas appliquez d’alcool ou autres produits sur la tique avant retrait.
- Notez la date et la position sur le corps. Dans la mesure du possible, conserver la tique dans de l'alcool à 70° pendant quelques temps pour pouvoir la faire analyser si besoin. Sinon. Tuez-là en la plaçant dans un mouchoir en papier que vous brulerez ensuite.
 - Surveillez plusieurs jours après la morsure. Si une forte rougeur s’étend sur le corps et/ou des symptômes type grippaux ou grande fatigue se manifestent consultez un médecin.

 Pour en savoir plus sur la maladie et les associations qui se battent pour les victimes, je vous invite à lire les différents articles de la TL²B sur le sujet et en premier lieu celui de 2011 ici

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